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Conférence : Juger au péril de son âme ? Les stratégies du regard dans la Flagellation du Christ de Piero della Francesca (vers 1460)
6 Mar 2019
Conférence de Franck Mercier (Université Rennes 2 – TEMPORA EA 7468) : Juger au péril de son âme ? Les stratégies du regard dans la Flagellation du Christ de Piero della Francesca (vers 1460)
Séance organisée par Bruno Lemesle
Dans le cadre de l’axe”identités, langages, culture”de la MSH
Mercredi 6 mars 2019 10h – 12 h
Maison des Sciences de l’Homme salle R 03
Il s’agit de revenir sur l’une des peintures les plus énigmatiques de la Renaissance italienne connue sous le nom de la Flagellation du Christ et attribuée en toute certitude à Piero della Francesca. Ce célèbre tableau actuellement conservé à Urbino (Galleria nazionale delle Marche) ne doit pas seulement son mystère au flou qui entoure les circonstances de sa réalisation (on ignore sa datation exacte, son commanditaire ou encore sa destination initiale) mais encore et surtout au fait que l’on ne parvient pas à en déterminer le « sujet » véritable. La scène située à l’arrière-plan, dans les profondeurs d’une splendide loggia de style antiquisant, désigne assurément une flagellation du Christ, mais le dispositif général du tableau déjoue tous les repères iconographiques. Après avoir constaté les limites ou les apories de chacune des principales voies interprétatives empruntées jusqu’à présent par l’historiographie, nous proposons d’explorer une nouvelle piste de recherche située au croisement des mathématiques et de la théologie. Par les moyens spécifiques (c’est-à-dire surtout visuels et figuratifs) de la peinture, la Flagellation du Christ ne se contente pas de représenter ou d’illustrer un épisode du procès de Jésus, mais affronte la double question de la présence cachée de Dieu dans le monde (à travers l’incarnation) et celle de l’aptitude de l’humanité à la percevoir. Reconsidérant le tableau dans une perspective avant tout dévotionnelle et mystique, on s’attachera notamment à identifier différentes stratégies du regard qui sont à la fois incorporées dans l’image et opposées moralement. Dans cette optique, on insistera plus particulièrement sur le rôle dévolu à Pilate : incarnation du mauvais juge par excellence, ce dernier y est comme frappé d’aveuglement. Ne serait-ce pas aussi le cas du spectateur contemporain en présence de « l’énigme de Piero » ?