Lauréates du prix de thèse 2024 : des recherches passionnantes, des chercheuses passionnées
La Fédération des MSH de Bourgogne et de Franche-Comté a décerné 3 prix de thèse le 25 janvier dernier à Céline MARTY, Stéphanie NGUYEN, Lisa SANCHO, pour la qualité de leur recherche, porteuse d’interdisciplinarité.
Rencontre avec nos lauréates qui témoignent d’un goût communicatif pour la recherche interdisciplinaire ouverte sur la société.
- Céline MARTY – « La philosophie de l’autogestion d’André Gorz : travail, écologie et temps de vie » – (Laboratoire : Logiques de l’Agir (UR 2274 – Université de Franche-Comté).
- Stéphanie NGUYEN – « La visite de l’enfant en réanimation adulte : impacts psychologiques et rôles des soignants et du proche accompagnants » – (Psy-Drepi (UR 7458 – Université de Bourgogne).
- Lisa SANCHO – « Mar en ot honte ». Représenter la honte dans la littérature française des XIIe et XIIIe siècles » – (Centre Pluridisciplinaire Textes & Cultures (CPTC) (UR 4178 – Université de Bourgogne).
Céline MARTY
Résumé de la thèse :
André Gorz, essayiste des Temps Modernes et journaliste au Nouvel Observateur sous le pseudonyme de Michel Bosquet, est perçu comme un sociologue, un économiste ou un compilateur d’idées. Notre thèse interprète comme philosophique son œuvre d’un demi-siècle, en quatre langues et en dialogue avec les penseurs et acteurs contemporains du socialisme.
Reconstituer sa trajectoire intellectuelle nécessite d’intégrer les lectures dont Gorz fait l’objet depuis des disciplines variées (économie, sociologie, science politique) ainsi que d’utiliser l’histoire intellectuelle et l’histoire des idées pour intégrer les sources inédites du corpus.
Forte de ce croisement disciplinaire et méthodologique, notre thèse propose une lecture inédite de l’œuvre d’André Gorz comme philosophique, organisée autour d’un problème – l’aliénation – et d’un idéal – l’autogestion. L’autogestion, gestion commune et démocratique par les travailleurs des choix de production et de consommation, n’implique cependant pas immédiatement et par elle-même la sortie du productivisme en contexte de marché concurrentiel, ce pourquoi elle peut demeurer aliénante. Dès lors, nous montrons qu’elle appelle un élargissement par-delà la production, par une autogestion écologique des besoins, ce que Gorz théorise dans les années 1970. Face aux rythmes du capitalisme qui s’imposent sur la production et les besoins, l’autogestion de la vie est alors conditionnée à une autogestion du temps – thèse élaborée des années 1980 jusqu’aux années 2000. Cette réflexion garde toute son actualité et sa fécondité pour les questionnements contemporains sur les transitions écologiques.
Quel rôle a pu jouer l’interdisciplinarité dans votre travail de recherche ?
Toute ma thèse de philosophie est interdisciplinaire à plusieurs égards. D’abord, l’œuvre philosophique d’André Gorz elle-même, puisqu’elle commente les recherches en économie, sociologie ou histoire de son époque ; j’ai donc lu moi-même ces sources, pour comprendre ce qu’apportait la spécificité de son analyse philosophique. Ensuite, sur le plan méthodologique, j’ai mobilisé considérablement les archives – les archives du Nouvel Observateur et des Temps Modernes où Gorz publiait, ses manuscrits et sa bibliothèque personnelle – et j’ai réalisé des entretiens avec les personnes qui l’ont connu, en me formant à ces outils issus de l’histoire ou de la sociologie. Enfin, les recherches contemporaines en économie, sociologie du travail, histoire des idées et du travail, psychodynamique, écologie politique ont nourri mes réflexions pour saisir les enjeux passés et actuels de ce corpus. C’est d’autant plus pertinent que le champ de recherche sur le travail et l’écologie est très riche en ce moment et j’ai pu découvrir les recherches très stimulantes des collègues.
En quelques mots, quels sont les résultats de votre travail de recherche que vous aimeriez soumettre à discussion dans le débat public ? En quoi votre regard de chercheur, sur les domaines de recherche que vous avez explorés, pourrait-il être utile à des évolutions de notre société ?
Ma thèse propose une lecture philosophique du corpus de Gorz : à partir de ses fondements dans le double héritage existentialiste-marxiste de Jean-Paul Sartre et de Karl Marx, je montre que Gorz prend pour problème l’aliénation du sujet dans une situation – dans le contexte d’expansion illimitée de la production et de massification de la consommation – et pour solution et idéal l’autogestion. Cet idéal d’auto-émancipation s’applique au travail mais aussi à tous les domaines de la vie – la consommation, l’urbanisme, les loisirs, les ressources naturelles. Cette « autogestion des besoins » est une alternative à une gestion privée par le marché ou une gestion bureaucratique potentiellement autoritaire et verticale par l’État. Il me semble que c’est un idéal d’émancipation toujours pertinent aujourd’hui et à l’aune duquel juger les différentes réformes sociales ou modes de consommation : quels sont les outils ou les dispositifs qui nous rendent plus autonomes dans la satisfaction de nos besoins ou au contraire qui nous contraignent à nous en remettre au marché ou à l’État ?
Gorz intègre dès 1972 la limite des ressources matérielles nécessaires à la production et critique déjà l’illusion d’une croissance infinie : face aux gaspillages du capitalisme, il propose la décroissance de la production et de l’économie pour mieux satisfaire nos besoins en travaillant tous beaucoup moins et en consommant beaucoup moins. Il élabore pour cela une critique idéologique du travail parce qu’il sent bien que proposer de « travailler moins » se heurte à beaucoup de résistances. Toutes ces analyses sont très pertinentes aujourd’hui pour penser les mutations du travail face à l’urgence écologique.
Quels conseils donneriez-vous à un.e jeune chercheur.e qui débuterait actuellement son travail de recherche doctorale ?
Je pense que la curiosité est le meilleur vilain défaut pour le début d’une recherche : curiosité pour un corpus, un champ de recherche, des thématiques ou même des disciplines qu’on ne connaît pas encore, ou bien pour des matériaux qu’on peut découvrir – comme les archives, dont la découverte peut procurer un plaisir incroyable ! Il me semble qu’on peut oser proposer des recherches qui nous semblent un peu hétéroclites – comme celles interdisciplinaires qui ne ressemblent pas toujours à ce que fait un champ de recherche en place. C’est d’autant plus pertinent pour les sujets écologiques qui appellent des analyses croisées issues de toutes les sciences sociales et naturelles étant donné la diversité des matériaux ou des méthodes qui peuvent être utilisés.
Mon deuxième conseil, plus pratique, serait de commencer à écrire dès le début de la thèse, pour éviter l’angoisse de la page blanche ou des derniers mois à écrire des centaines de pages. Dès les premiers mois, je conseille de s’habituer, par une routine quotidienne, à développer des analyses, commenter des sources et écrire selon les normes scientifiques – avec les fameuses citations et notes de bas de page ! Par cette pratique quotidienne on aura presque l’impression que la thèse s’écrit au fur et à mesure, sans coup de stress violent à la fin pour la rendre !
Stéphanie NGUYEN
Résumé de la thèse :
Introduction : De nos jours, les portes des réanimations adultes tendent vers une ouverture 24h/24. Les visites des proches adultes ne sont plus contestées et sont même largement soutenues par les soignants qui y perçoivent des bénéfices pour leur patient, les familles et les désignent comme un élément favorisant la communication avec les proches et le bien être psychique du patient. Pourtant les enfants et adolescents appartenant à ces familles ne semblent pas avoir les mêmes droits de visite que les adultes. Leur présence en réanimation reste une question sensible et dans une volonté de protéger l’enfant face à un environnement potentiellement traumatique, certains services refusent ou restreignent la visite aux enfants et adolescents.
Objectifs : Cette recherche avait pour objectifs d’évaluer l’impact psychotraumatique de la visite chez l’enfant entre 6 et 14 ans. Elle propose également de comprendre le rôle des adultes-accompagnants composant l’environnement de l’enfant lors de cette évènement visite. Méthodologie : Notre méthodologie mixte, quantitative et qualitative a été menée au sein de six services de réanimation auprès de 22 enfants, 15 parents-accompagnants et 26 soignants-accompagnants. Trois questionnaires (CRIES-8, HADS, MDS-R) ont été proposés à l’enfant, au parent et aux soignants à 7 et à 30 jours de la visite. Des entretiens semi-dirigés ont également été menés auprès d’enfants, aux parents et aux soignants-accompagnants à 7 jours de la visite afin de mieux comprendre leur vécu. Ces entretiens semi-dirigés ont été exploités avec une analyse thématique des verbatims à l’aide du logiciel Nvivo. Dans un troisième temps, ces résultats ont été affinés avec deux études de cas.
Résultats : Les principaux résultats semblent indiquer une absence de psychotraumatisme chez l’enfant visiteur évalué à l’aide de la CRIES-8. Ils révèlent également un lien entre détresse parentale et symptomatologie psychotraumatique chez l’enfant avec une corrélation positive tendancielle entre le score de CRIES-8 des enfants visiteurs et les scores HADS des parents-accompagnants. Nos résultats qualitatifs viennent appuyer nos données quantitatives et permettent d’identifier les éléments favorisants de la visite autour de trois temps de la visite. En effet, le temps avant la visite liée à l’évènement primaire met en évidence que chez l’enfant et le parent-accompagnant le projet de visite favorise la mise en sens de l’évènement. Chez le soignant-accompagnant il apparait pour ce temps l’importance de l’enfant, de la visite de l’enfant et du travail en équipe. Pour le temps pendant la visite, il apparait que celle-ci favorise chez l’enfant un sentiment de plaisir face à la relation retrouvée. Ce temps semble favoriser l’importance de l’étayage du soignant-accompagnant pour le parent-accompagnant et contribue à l’intérêt de la visite de l’enfant chez le soignant-accompagnant. Pour le dernier temps, celui de l’après visite, il se dégage chez l’enfant visiteur un sentiment d’apaisement lié aux retrouvailles, chez le parent-accompagnant apparait un sentiment de sécurité retrouvée favorisée par l’étayage des soignants-accompagnants et chez le soignant-accompagnant est évoqué un sentiment de satisfaction face à l’accompagnement des retrouvailles.
Conclusion : Ces résultats révèlent l’importance de l’évènement primaire comme un des éléments impactant le vécu de la visite de l’enfant et montrent l’importance de l’étayage pour les trois acteurs de cet évènement singulier.
Ce travail nous permet de formuler des recommandations sur l’accompagnement de la visite de l’enfant auprès des soignants qui auront un effet chez l’enfant visiteur et le parent-accompagnant. Nous préconisons une sensibilisation des soignants à l’enfant visiteur par un psychologue, la création d’outil pour les soignants afin d’accompagner l’enfant et son accompagnant vers la visite et de proposer aux soignants une analyse des pratiques professionnelles par un psychologue afin d’ajuster les propositions d’accueil et d’accompagnement de l’enfant et de son accompagnant en fonction des possibilités du service.
Quel rôle a pu jouer l’interdisciplinarité dans votre travail de recherche ?
Le rôle de l’’interdisciplinarité dans mon travail de recherche a permis de tisser entre les disciplines (médicale, paramédicale et SHS) des liens pour un intérêt commun : soutenir la production de nouvelles connaissances afin d’améliorer la visite des enfants en réanimation adulte.
En quelques mots, quels sont les résultats de votre travail de recherche que vous aimeriez soumettre à discussion dans le débat public ? En quoi votre regard de chercheur, sur les domaines de recherche que vous avez explorés, pourrait-il être utile à des évolutions de notre société ?
La société s’est déjà appuyée sur des résultats de recherche pour faire évoluer les pratiques des visites en service de cancérologie et de soins palliatifs pour favoriser la visite des enfants et faire évoluer le cadre législatif (Circulaire Laroque, 1986). Mes résultats confirment l’importance de la visite pour les enfants/adolescents en réanimation et montrent l’absence de psychotraumatisme sur notre population. Ils soulignent l’importance de l’accompagnement des visites, comme un accompagnement à penser de manière spécifique et singulière à plusieurs niveaux, comme proposer des formations aux soignants régulières à propos de cette thématique.
Ma recherche propose de soutenir la visite des enfants en réanimation afin de limiter les risques d’un évènement grave chez l’enfant dans une poursuite de ce qui se réalise déjà dans certains services spécifiques. Ma recherche et ses apports se présentent comme soutien aux droits de l’enfant démontrant que la visite se réalise dans l’intérêt de l’enfant.et s’inscrit dans une possibilité de modification du cadre législatif.
Quels conseils donneriez-vous à un.e jeune chercheur.e qui débuterait actuellement son ravail de recherche doctorale ?
Le travail de recherche doctorale est passionnant. Il ne faut jamais oublier notre objectif de départ même s’il peut sembler utopiste pour notre entourage : être chercheur c’est tenter de produire de nouvelles connaissances pour faire progresser la société.
Néanmoins, la thèse est un véritable un marathon. Il y a des jours plus difficiles que d’autres Mais quand vous retournez sur le terrain et que vous utilisez ce que votre recherche vous a appris, vous vous dites que ça vaut toutes ces heures de travail !
Lisa SANCHO
Résumé de la thèse :
Objet éminemment historique et culturel, la honte est altérée par des évolutions liées notamment au contexte spatio-temporel envisagé. Elle constitue l’une des pierres angulaires de l’univers mental des hommes et des femmes de l’Occident médiéval, où elle est traversée par de multiples tensions : située à l’intersection de logiques sociales relevant de l’émotion et de l’acte d’humiliation, dissimulée autant qu’exhibée, elle joue un rôle névralgique non seulement dans le code de l’honneur sur lequel repose la féodalité et dans la morale laïque, mais aussi dans la conception de la faute qui fonde la morale théologique. Tour à tour instrument de sanction et vecteur de vertu, elle est à la fois redoutée car réprouvée et accueillie car valorisée.
Or si la honte a bénéficié au cours des dernières décennies d’un regain d’intérêt parmi les historiens, en particulier dans le domaine de l’affect, il restait encore à lui consacrer une étude d’ampleur dans le champ littéraire.
Ma thèse se propose de combler cette lacune, en analysant la honte à l’aune de ses représentations dans un corpus large de littérature « fictionnelle » des XIIe et XIIIe siècles en langue d’oïl. À travers des approches lexicologiques, socio-historiques et esthétiques, il s’agit de mettre au jour l’ambivalence axiologique de la honte, les dynamiques individuelles et collectives sous-tendant l’organisation des relations entre les personnages, les stratégies d’écriture à l’œuvre pour dire et donner à voir la honte en fonction des formes et des genres littéraires. Au croisement de la poétique, de la narratologie, de la linguistique, de l’histoire et de l’anthropologie, cette étude vise, en alternant plusieurs échelles en synchronie et en diachronie, à faire émerger les convergences et divergences révélatrices d’une confrontation permanente entre des discours et des idéologies qui se combattent, dialoguent, s’influencent, et à montrer comment la honte les structure autant qu’elle les questionne.
Quel rôle a pu jouer l’interdisciplinarité dans votre travail de recherche ?
Depuis le tout début, la dimension interdisciplinaire a constitué pour mon projet de recherche tout à la fois un fondement et un horizon. J’ai coutume de dire que mon travail est une thèse comparatiste, mais en littérature médiévale. En effet, s’il est vrai que ce dernier ne s’inscrit pas dans la veine intermédiale ou transmédiale (puisque tout mon corpus repose sur des textes), ni même plurilinguistique ou interculturelle (dans la mesure où l’intégralité de mes œuvres a été composée en langue d’oïl et au sein d’une aire géoculturelle relativement restreinte), il n’en demeure pas moins fortement ancré dans un autre courant relevant du comparatisme, celui des études culturelles.
Il faut dire que le champ de la médiévistique ne tolère guère – et peut-être moins que les autres – de séparer les domaines disciplinaires, du moins pas pour quiconque espère comprendre le Moyen Âge de la manière la plus précise et la plus juste possible. La distinction entre disciplines étant relativement récente, il importe de saisir que l’univers intellectuel des hommes et femmes contemporains de l’époque médiévale n’était pas construit de façon aussi compartimentée que peut parfois l’être le nôtre. Aussi les études médiévales invitent-elles à un nécessaire décloisonnement de la pensée. C’est d’autant plus vrai dans le cas du traitement d’un objet transversal tel que la honte, qui touche à la fois à l’anthropologie, à l’histoire, à la philosophie, à la morale, à la politique, et bien sûr à la littérature.
L’approche interdisciplinaire, notamment via les échanges étroits avec les historiens des émotions, m’a donc permis d’appréhender mon sujet sous toutes ses facettes – exhaustivité précieuse pour éviter l’écueil des affirmations non contextualisées et, partant, des analyses potentiellement erronées.
En quelques mots, quels sont les résultats de votre travail de recherche que vous aimeriez soumettre à discussion dans le débat public ? En quoi votre regard de chercheur, sur les domaines de recherche que vous avez explorés, pourrait-il être utile à des évolutions de notre société ?
S’il est bien une vertu que l’on puisse prêter à l’histoire des émotions, c’est celle de contribuer à déconstruire des idées, concepts, notions que nous pouvons malgré nous avoir tendance à essentialiser. Inscrire les émotions dans le temps long permet de prendre conscience de ce que ces dernières, loin de constituer un donné biologique immuable, relèvent en réalité de constructions historiques, sociales et culturelles, par conséquent nécessairement soumises aux fluctuations conceptuelles et aux variations normatives.
À une époque où honte et humiliation sont souvent brandies tels des vecteurs de discrimination absolus et définitifs, particulièrement à l’heure des réseaux sociaux, il me semble non seulement intéressant mais capital de retracer l’histoire de ces sentiments et pratiques. Ainsi sommes-nous alors davantage en mesure, en mettant au jour les mécanismes d’assignation de la honte, donc les rapports de domination présidant aux logiques d’humiliation, de prendre du recul par rapport à nos propres scripts. Surtout, l’étude des sociétés du passé offre, sinon des clés, du moins des pistes quant aux conditions de possibilité de sortie de la honte, éléments essentiels dans nos sociétés modernes qui tentent de forger des modalités de « retournement du stigmate ».
Quels conseils donneriez-vous à un.e jeune chercheur.e qui débuterait actuellement son travail de recherche doctorale ?
Il est toujours difficile d’adopter la posture du « sage »… En outre, tant de recommandations peuvent être pertinentes – de la nécessité de bien choisir son directeur et de bien s’entourer pendant les années de thèse à celle d’établir un calendrier (dont on sait par ailleurs qu’il sera forcément soumis à quelques vicissitudes) – qu’il est difficile de toutes les mentionner.
L’une d’elles, pourtant, m’est sans doute un peu plus chère à titre personnel, peut-être parce que me la rappeler dans les moments de doute de l’aventure doctorale a été salutaire. Il me semble primordial d’essayer de ne pas culpabiliser quand surviennent des périodes de moins grande productivité, de manque d’entrain ou d’inspiration. Un Doctorat est rythmé par des saisons, certaines plus fructueuses que d’autres. Lors des inévitables « temps faibles », accepter de se détourner provisoirement de la thèse n’est pas une attitude à blâmer : tout au contraire, préparer un cours plus approfondi si l’on enseigne, ou assister à un colloque apparemment sans lien avec son propre sujet de thèse, peuvent constituer des activités hautement bénéfiques. Ce sont souvent ces chemins de traverse qui conduisent de façon inattendue aux découvertes les plus stimulantes pour faire avancer son propre travail de recherche.