(1) UAR rattachée à l’ENS Lyon et au CNRS, spécialisée dans la valorisation des usages scientifiques du patrimoine documentaire.
(2) Pôle d’éditeurs publics science ouverte de Bourgogne-Franche-Comté
(3) Daniel Battesti est responsable de la pépinière de revues PREO
(4) Le réseau Mir@bel a pour vocation de valoriser les contenus des périodiques scientifiques accessibles en ligne. Projet Mir@bel2022, lire sa présentation sur le site ouvrirlascience. Projet MIR@AO, lire le communiqué de Science Po Lyon (lauréat du FNSO3)
(5) Medici (Métiers de l’édition scientifique et publique) réunit la communauté des professionnel·les de l’édition scientifique publique.
(6) Il s’agit de la stratégie de non-cession des droits portée par la cOAlition S. Cette dernière est une initiative lancée par un groupe d’agences et organismes de financement de la recherche avec le soutien de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe, visant à rendre les publications scientifiques en accès ouvert intégral et immédiat. En 2022, la cOAlition S a produit le guide Mettre en œuvre la stratégie de non-cession des droits sur les publications scientifiques à l’intention des chercheurs et des chercheuses.
(7) Medici, Repères (Réseau des pépinières de revues scientifiques en accès ouvert) fédère 16 pépinières de revues scientifiques en accès ouvert en France et en Belgique.
Le pôle éditorial BFC (« PEPSO BFC ») lauréat du 3e appel à projets du Fonds national pour la science ouverte
Le pôle éditorial Bourgogne-Franche-Comté réunit plusieurs acteurs de l’édition publique, à savoir les presses des universités de Bourgogne et de Franche-Comté (EUD et PUFC) et les deux maisons des sciences de l’homme (MSH de Dijon et MSHE), en partenariat avec les bibliothèques universitaires des deux sites. Ces équipes et l’unité d’appui et de recherche Persée[1] ont élaboré le projet PEPSO-BFC[2] lauréat du 3e appel à projets « Publication et édition scientifiques ouvertes » du Fonds national pour la science ouverte qui a accordé un financement de 194 380 €.
Entretien avec Daniel Battesti, éditeur à la MSH de Dijon et coordinateur du projet PEPSO-BFC[3], et Marie Gillet, éditrice à la MSHE et aux PUFC, réalisé par Florence Bailly, chargée de communication de la MSHE
Pouvez-vous présenter PEPSO-BFC et ses enjeux ?
Daniel Battesti : Diffuser, faire circuler au sein de la société, les résultats de la recherche, c’est un des objectifs de la science ouverte ; pour l’édition, cela suppose de renforcer et de structurer nos moyens afin d’être en mesure de mener des chantiers de grande ampleur. C’est pour cela que depuis 2020 en Bourgogne-Franche-Comté, les presses et les MSH se sont rapprochées pour former un pôle avec le soutien des bibliothèques universitaires. Dans ce pôle, nous éditons des ouvrages comme des revues. Pour les revues, nous disposons d’une pépinière open access, PREO, qui permet de créer des revues numériques ouvertes – ou de transformer des revues imprimées – avant de les faire migrer vers des plateformes comme OpenEdition Journals. Plusieurs collections d’ouvrages sont déjà présentes sur OpenEdition Books. Avec Persée, nous nous attelons aussi à la diffusion des fonds patrimoniaux. Le premier enjeu est donc de nous renforcer afin d’accélérer l’ouverture de nos productions récentes ou antérieures. Nous nous sommes engagés sur ce chemin depuis plusieurs années, et avec PEPSO-BFC nous allons consolider cette dynamique régionale, tout en apportant des contributions à l’échelle nationale, notamment en travaillant sur le cadre légal de l’édition.
Marie Gillet : Les enjeux concernent aussi bien les publications actuelles que les plus anciennes : c’est l’ensemble du fonds des deux presses (EUD et PUFC) que nous souhaitons ouvrir. Par exemple, les ouvrages de la collection Les Cahiers de la MSHE aux PUFC sont disponibles sur OpenEdition depuis 2020. Mais nous avons 23 ouvrages en attente : ils sont prêts techniquement sur la plateforme, mais non ouverts parce que nous n’avons pas recueilli les droits pour une diffusion électronique – les contrats pour la diffusion papier ne les prévoyaient pas. C’est un travail considérable, chronophage. Le projet PEPSO-BFC va non seulement nous aider, mais également accompagner la transition numérique ouverte de 5 autres collections sur OpenEdition Books et de 3 revues sur la pépinière de revues.
Vous parliez d’ouvrir la production mais aussi des fonds plus anciens. En quoi cela consiste-t-il ?
Daniel Battesti : À tous ces nouveaux contenus s’ajoute en effet le rétrospectif. Au sein des deux établissements universitaires, les fonds anciens de revues et d’une collection ont été traités avec Persée : les Dialogues d’histoire ancienne (107 numéros avec les suppléments, soit plus de 3 000 documents) qui fêteront bientôt leurs 50 ans, la collection de l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité publiée depuis 1950 (243 volumes, soit environ 2 200 documents), ou encore la revue Interfaces créée en 1991 (35 numéros, soit environ 500 documents). Sur la base de ces expériences et grâce au financement du FNSO, nous allons poursuivre dans cette voie avec Persée et engager le travail pour 2 autres revues et 4 collections, dont la plus ancienne remonte à 1928.
Au sein du pôle vous produisez donc des revues et des collections. Comment leur assurez-vous une bonne visibilité ?
Marie Gillet : La visibilité des publications est un axe de travail fort de notre pôle éditorial, puisque la MSH de Dijon est copilote du réseau Mir@bel et partenaire des projets Mir@bel2022 (lauréat du FNSO2)[4] et MIR@AO (lauréat du FNSO3)[5].
Daniel Battesti : Le projet PEPSO-BFC s’appuie d’ailleurs sur la collaboration de professionnels de la documentation, des bibliothèques et de la diffusion pour améliorer à la source et dans la durée la qualité des métadonnées relatives aux projets éditoriaux du pôle et ainsi leur visibilité. Parallèlement, nous poursuivrons le travail d’analyse de nos collections et de nos revues pour qu’elles puissent intégrer des systèmes de référencement qualifiant.
PEPSO-BFC a fondé une réflexion sur le cadre légal de l’édition. Pourriez-vous nous expliquer cette démarche ?
Marie Gillet : La seconde partie du projet est centrée sur le cadre légal de l’édition. En local, nous avons bénéficié des productions de groupes de travail nationaux, le GT Droit d’auteur de Médici[6] en premier lieu. En utilisant les modèles de contrats, nous avons acquis l’expérience que le cadre légal est certes une lourde charge de travail, mais aussi un des leviers essentiels de la science ouverte. Nous voulons donc mener plusieurs actions spécifiques et les restituer à notre tour au sein des réseaux.
Daniel Battesti : Ce travail sur le cadre légal est motivé par deux besoins : les questions liées à la numérisation de fonds anciens et les attentes des éditeurs scientifiques publics en matière d’outils juridiques. Une problématique plus large motive également ce travail, à savoir la construction d’une politique de science ouverte basée sur une pratique du cadre légal. Tous les éditeurs publics sont confrontés au quotidien à des questions juridiques, mais nous manquons encore d’éléments pour y répondre. Nous entendons donc fournir ces outils, que d’autres viendraient utiliser, mais implémenter. Ensuite, pour ouvrir au mieux, il est nécessaire d’anticiper de nombreux questionnements : comment procéder, que peut-on ouvrir et jusqu’à quel point, quels sont les outils les plus efficaces, quelles sont les particularités d’une numérisation d’un fonds ancien ? Enfin, au sein des revues et des presses universitaires, en élaborant et en adoptant des politiques de publication, nous souhaitons rendre accessibles les connaissances scientifiques tout en préservant l’ensemble des acteurs de la science ouverte : les chercheurs et les éditeurs engagés dans cette démarche. Alors que les agences de financement invitent les chercheurs à ne plus céder de façon exclusive leurs droits d’exploitation[7], nous proposons de contribuer collectivement – avec des chercheurs, des éditeurs et des professionnels des bibliothèques – à cette réflexion.
Le projet PEPSO se développe selon deux axes aux niveaux régional et national.
Les actions de l’axe régional
À l’échelle régionale, l’objectif est de formaliser le pôle éditorial, d’intensifier les engagements des universités de Franche-Comté et de Bourgogne en matière de science ouverte et de renforcer la publication de revues et de collections d’ouvrages en accès ouvert.
Action 1 : formaliser et renforcer le pôle
Il s’agit d’entériner les engagements réciproques des acteurs du pôle et de pérenniser leur coopération fonctionnelle, notamment sous forme de conventions.
Action 2 : étendre la couverture numérique ouverte et irréversible
Il s’agit d’accélérer la transition des publications courantes grâce à une stratégie concertée, allant de la production à la diffusion, et de valoriser le rétrospectif, avec l’appui de Persée, spécialisée dans les fonds anciens rétroconvertis.
Action 3 : internationaliser la production par l’amélioration de la qualité des métadonnées
L’action vise à généraliser d’une part, un diagnostic régulier des revues selon les critères de qualité éditoriale QUERO, pour s’assurer de leur conformité aux principes de la science ouverte, et d’autre part l’usage d’un outil de collecte des métadonnées pour les revues et les collections.
Les actions de l’axe national
Sur la base des réalisations du pôle régional et de l’implication de ses membres dans des réseaux nationaux[8], PEPSO-BFC développera des outils réutilisables par d’autres pôles éditoriaux ou presses universitaires.
Action 4 : améliorer la collecte des droits liés aux textes et aux illustrations
L’action vise à formaliser les bonnes pratiques, avec Persée, de collecte des droits pour la numérisation et l’ouverture des publications anciennes.
Action 5 : fournir une boîte à outils juridique pour l’édition scientifique ouverte
Sur la base de ses actions locales et en coordination avec les réseaux nationaux Médici et Repères, le pôle éditorial BFC se propose de produire une boîte à outils répondant aux enjeux en matière de droit, par exemple sous la forme d’un guide, de modèles de contrat, etc.
Action 6 : accompagner la stratégie de non-cession exclusive des droits
La mise en œuvre concrète de la stratégie de non-cession exclusive des droits pose question aux éditeurs de revue. Le pôle éditorial BFC organisera un séminaire de réflexion dans l’intention d’expérimenter un dispositif de promotion et de soutien à la stratégie de non-cession exclusive des droits.
Le projet PEPSO-BFC est prévu pour une durée de 36 mois. Les fonds obtenus, mutualisés, seront utilisés à parité entre l’université de Franche-Comté et l’université de Bourgogne.
Liens
https://pufc.univ-fcomte.fr/
https://eud.u-bourgogne.fr/
https://msh-dijon.u-bourgogne.fr/
https://mshe.univ-fcomte.fr/cahiers-de-la-mshe
https://preo.u-bourgogne.fr/portail/
https://bu.u-bourgogne.fr/
https://bu.univ-fcomte.fr/
https://www.persee.fr/
À propos des projets FNSO de Mir@bel
https://msh-dijon.u-bourgogne.fr/mirao-miroir-des-revues-scientifiques-francaises-dans-leur-transition-vers-la-science-ouverte-laureat-du-fnso3/
https://msh-dijon.u-bourgogne.fr/le-projet-mirbel2022-laureat-de-lappel-a-projet-du-fonds-national-pour-la-science-ouverte-fnso/
Contact
daniel.battesti@u-bourgogne.fr